« Anthea a toujours été une enfant spéciale. Sa mère elle-même était une mage fort talentueuse autrefois. C'est ma femme qui a insisté pour qu'on l'inscrive à la Celestial Spirit School, d'ailleurs. Je l'ai donc laissée y aller à contrecœur. Ma petite fille... Elle parlait de magie avec tant d'enthousiasme que j'ai cru qu'elle s'y plairait. Grossière erreur. Quand elle est revenue de sa première année, quelque chose avait changé. Quelque chose s'était brisé. Nous n'avons jamais su ce qui lui était arrivé. Ce que je sais en revanche, c'est je l'ai désinscrite sitôt qu'on l'a récupérée. Elle n'a pas voulu nous parler de ce qui s'était passé, mais sa seule appréhension me suffisait. Après des jours de débâcles, j'ai finalement réussi à obtenir une dérogation grâce à des amis haut-placés. Ça a été un long moment de discorde entre moi et ma femme. Elle souhaitait qu'Anthea finisse son parcours scolaire, qu'elle apprenne à vivre et à survivre aux autres. "On la couve trop" m'a-t-elle dit. Les désaccords ont pris des proportions énormes. C'est comme si cette histoire avait fait remonter le cœur de nos problèmes. Je ne l'ai pas écoutée. Nous nous sommes même séparés. Tout ce que je voulais, c'était protéger ma petite fille. C'est en partie pour cette raison que j'ai eu tant de mal à obtenir cette dérogation. Sans le soutien de ma femme, seule mage de la famille, l'éducation d'Anthea semblait compromise aux yeux des autorités. Qu'à cela ne tienne, j'ai engagé les meilleurs précepteurs du marché et je commissionnais des mages pour de courtes périodes d'enseignements. Une mission comme une autre en ce bas monde. Elle en a vu défiler des centaines différents. J'ai fait de mon mieux, vraiment. Mais ce qui lui manquait, c'était sa mère. Et ça, malgré tout le mal que je me suis donné, je n'ai jamais réussi à lui rendre. » Abraham Valentine, père d'Anthea.

« Quand je l'ai rencontré, Anthea avait déjà bien entamé sa vingtaine. Je marchais tranquillement au bord d'une route quand je l'ai vu, là, accroupie à côté d'une fleur, entrain de s'extasier devant un papillon. Facepalm mental, je vous jure. Une véritable allumée. Tout ce que je me disais à ce moment là, c'est qu'elle allait pas durer bien longtemps, cette petite. Finalement, alors que je m'apprêtais à passer comme si de rien, un connard a essayé de lui voler son sac. En même temps, il était gentiment posé derrière elle, presque entrain de gueuler "volez-moi, elle s'en bat les ovaires". Seulement, j'ai pas pu m'empêcher d'intervenir et j'ai envoyé voler le thug de bas étage cinquante mètres plus loin. A la base, je suis loin d'être une nana altruiste pourtant. Mais Anthea m'inspirait la compassion. Elle me donnait envie de la protéger. De protéger son innocence. Elle a le don de faire ressortir le meilleur des gens. On a voyagé ensemble le temps de ma mission. Bon, elle était complètement inutile (elle ne sait même pas cuisiner !) mais sa candeur et sa douceur permettaient toujours d'égayer mes journées. Alors oui, je ne nie pas que parfois, ça m’exaspérait au point de vouloir lui refaire la façade, mais j'ai fini par réellement m'attacher à elle. Une fois de retour à Shirotsume, elle a créché chez moi pendant deux ou trois mois. Et puis finalement, les choses étant ce qu'elles étaient, Anthea a rejoint la guilde. Elle connaissait déjà tout le monde, alors voila. C'était juste histoire d'officialiser un peu le truc. Au fil du temps, elle est devenue une sorte de mascotte plus qu'une réelle mage. C'est un peu la petite sœur qu'on doit protéger, notre Thea nationale. D'ailleurs, elle squatte toujours ma piaule. J'ai bien essayé de la dégager, mais ses puppy eyes (même pas voulus, c'est ça le pire !) finissent toujours par briser toutes mes résolutions. » Davan Nightingale, membre de Blue Pegasus.

« Il y a trois semaines, un gars est passé à la guilde. Un certain Alast... Alastair ? Alastrom ? Alastar ? Bref, un truc comme ça. Il avait la gueule d'un Zentopia et plus important, il cherchait Thea. Quand elle est finalement arrivée de retour d'une mission et qu'elle a refusé de lui parler, il a essayé de la prendre de force. Avant qu'il n'ait pu faire un pas de plus, Davan lui a cassé les dents. C'était plutôt marrant. Si on occulte le sérieux de la situation, ce que je ne fais évidemment pas. Ahem. Revenons à nos moutons. Ala-truc, est donc parti la queue entre les jambes (sans mauvais jeu de mots hein, merci) en promettant qu'il reviendrait la chercher. Depuis ce jour, notre pauvre Thea est toute bouleversée. Elle continue de sourire et de répandre la bonne humeur en gambadant joyeusement dans le hall de guilde, mais au fond, on sait tous que quelque chose la perturbe. Elle pleure beaucoup plus, entre autres. Elle essaye de le faire quand elle est seule, mais Thea est de ces gens qui croient que les toilettes publiques jouxtant le bar, c'est être seul, vous voyez. D'ailleurs, en parlant de bar, elle a tendance à abuser un peu de la bouteille ces temps-ci. Un autre signe de son malêtre. Alors évidemment, tout le monde est au courant. Mais personne n'en parle. Elle viendra nous en toucher deux mots quand elle se sentira prête. Puis voila. Rien ne presse. Elle est bien entourée, de toutes façons. On l'épaule comme on peut. Elle sait qu'elle peut compter sur nous. Et si ce gars revient par ici, il sera accueilli comme il se doit. On touche pas impunément à l'une des nôtres. Non mais ! » Leary Nodlaigh, membre de Blue Pegasus.