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moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil



 
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 moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil

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MessageSujet: moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil EmptyMar 14 Oct - 9:55

J'vais pas te mentir, tu pourras toujours trouver mieux.

Ariel est loin d’être dépensier. Depuis l’enfance, il a appris à ne rien dépenser si ce n’est pour aider les autres, et il coupe son budget même sur son alimentation pour se donner l’impression qu’il va encore parfaitement bien par rapport à ce qu’on lui a enseigné. Il oublie, volontairement et parfois non, ses repas, il en saute plusieurs par jours, par semaine, puis un beau matin il se rappelle que pour vivre il doit manger. C’était comme ça, petit. La mère préparait des repas qui sentaient délicieusement bons, embaumant leur maison miteuse avec des effluves qui ressemblait à de l’amour, et il se rappelle de son lui de six ans, avant qu’il ne comprenne ce qu’ils étaient, qui courait avec un grand sourire pour demander sa  part. Quand il arrivait, tout était déjà emballé, et il se faisait prier d’apporter ça aux gens qui vivaient dehors, ou aux familles pauvres qui entouraient leur maison. Au retour, son plat perdait toute sa saveur, c’était si peu par rapport à ce que sa mère cuisinait pour les autres. Parfois prises de pitié en voyant ce petit bonhomme triste, certaines familles lui proposaient de dîner avec lui, mais Ariel ne prenait que rarement le risque, certain de se faire enguirlander une fois rentré. Et d’ailleurs, il a apprit très tard à utiliser un couteau, ses repas ne comprenant pas d’aliments à couper. C’est Saül qui lui a apprit, effaré par les bases qu’il manquait à son fils d’adoption par rapport à la nourriture, mais il a échoué dans sa mission. Le mage ne sait pas apprécier sa nourriture, et il ne cuisine presque jamais, se contentant d’un fruit par-ci ou par-là. L’arrivée de son compagnon a bouleversé toutes ses habitudes, et il a réussi à jouer la comédie jusqu’ici pour que Wil ne se rende pas compte qu’il est pitoyable. Si ses mets ne sont jamais raffinés ou très élaborés, ils sont plutôt bons, et les repas de voyages étant plutôt frugaux, Ariel ne s’inquiète pas.

Seulement, le nouveau rythme de vie coûte bien plus cher au blond, et sans qu’il ne s’en aperçoive, la bourse comment à être un peu vide. Ariel a réveillé Wil il y a quelques jours pour s’élancer à la recherche d’une mission. Depuis quelques semaines maintenant ils vivent ensemble, et après quelques quêtes ils s’étaient établit dans la maison que Saül avait légué au plus âgé. Une petite maison de bois situé sur la bordure d’Hosenka, suffisamment grande pour deux. La chambre ne comprenant qu’un lit, ils se sont habitués à dormir ensemble au fil des jours, et Ariel ne s’en formalise même plus alors qu’il recule comme un chat tombé à l’eau dès que quelqu’un ose s’approcher de lui. N’importe qui l’effraie excepté Wilfried. Il y a cette petite chose étrange entre eux deux. Un lien qu’ils ne peuvent pas toucher mais dont ils ont tous les deux conscience. Ariel s’efforce de ne pas y réfléchir, obnubilé par son envie de vengeance il ne s’est jamais accordé le droit de tomber amoureux de qui que ce soit. Il y a bien eu quelques histoires de quelques jours, quelques mois, mais jamais rien de très sérieux, ça ne valait pas le coup de mettre sa colère de côté pour un si faible bonheur. Bon, là il n’est pas en train de dire qu’il est amoureux de Wil, seulement qu’ici, il se passe quelques petites choses magiques et sans importances.

Les missions proposées au sein d’Emerald Wyvern n’étaient pas encore assez intéressantes – pas de Mages Noirs, alors Ariel l’a traîné sur les routes, dans l’espoir inavoué de tomber sur quelqu’un à tuer, à interroger, et qui si possible lui laissera un peu d’argent ou des objets. Il a tout de même noté deux missions qui ne seraient pas forcément trop longues pour un trop petit prix : protéger un bétail de Clover jusqu’à un petit village à côté, ou encore récupérer un livre perdu dans une quelconque grotte. Le soleil menace de se coucher depuis quelques minutes déjà, et c’est sous le crépuscule qu’Ariel avance en trébuchant de temps à autres sur le chemin escarpé dans lequel ils sont perdus. A la troisième racine, il attrape la main de l’homme qui se tient à ses côtés, sans même avoir besoin de lui jeter un coup d’œil. Il sait où il est, il le sait tout le temps, il le sent près de lui à chaque fois et c’est une présence étrangement réconfortante. Lui qui a toujours apprécié d’être seul parce que c’était moins contraignant, et parce qu’ainsi il pouvait se jeter au-devant des missions dangereuses, sans craindre de mettre une autre personne en danger, ou de le laisser seul. Pourtant, depuis cette rencontre impossible dans la forêt, il s’est prit d’affection pour Wilfried. Sans comprendre la raison, il lui a proposé de l’accompagner, comme ça, sur un coup de tête, et il a peur de l’abandonner un jour s’il continue d’être aussi aventureux et inconscient.

Puis ils arrivent dans une espèce de plaine, et Ariel exerce une pression sur sa main pour l’attirer un peu plus près de lui et lui demander avec un sourire.« On peut dormir ici. Ce sera sans danger, je pense, on verra ce qu’on fait demain. Ça te va ? » Il sait déjà que Wil acquiescera, il ne lui dit jamais non parce qu’il est le seul qu’il connaisse au monde. Le mage de glace s’est très vite habitué au fait que Wil n’ait aucun souvenir de sa vie précédant leur rencontre, et s’il n’ose pas se l’avouer à lui-même, être le centre du monde d’un autre est magique.  Encore quelques pas, puis Ariel lui relâche la main pour se coucher sur le sol et s’étirer, levant les yeux vers son compagnon de voyage, un sourire sur le visage. Il ne souriait jamais sans Saül. Maintenant il est là, et c’est dingue à quel point il a envie de sourire quand il est auprès de lui, et de le protéger, de ne pas lui faire comprendre qu’il voyage avec un type qui a peur de la moindre étincelle et qui désire plus que tout massacrer toute une population. « Tu veux mon manteau Wil ? Il commence à faire froid, et bon, je ne crains pas. »
lumos maxima
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MessageSujet: Re: moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil EmptyMar 14 Oct - 23:53


Moi jusque-là, je ne sais plus ce que je faisais...

Tes pas traquent les siens. Il en fait un, toi aussi. Tu lui accordes un peu d’avance, tu aimes le regarder marcher devant, tu aimes observer son dos, son air déterminé, sa tête fière qui domine ses épaules, ça te fait sourire et ça te gonfle la poitrine de fierté d’être le seul qui mérite son attention, un homme aussi fort, un homme aussi intéressant, un homme qui sous sa glace cache le feu de la tendresse et de l’amour. Tu l’aimes à ta façon, il t’aime à la sienne, c’est suffisant, tu ne t’attends à plus que ça, tu n’y penses même pas à vrai dire. Tu veux juste rester avec lui, pour le restant de ta nouvelle vie. C’est ton rêve. Oui, tu as la chance de vivre ton rêve et ta seule peur, c’est qu’un jour, il te soit arraché, sans crier gare. Dans le lit que vous partagez parce que vous n’avez pas le choix, il t’a réveillé doucement et il t’a proposé de partir en mission. Tu l’as accueilli avec un sourire et tu lui as demandé de te donner quelques minutes afin de te préparer. Il ne sait pas qu’il y a moins d’une heure, tu as ouvert les yeux enveloppé dans ses bras, et que tu t’es retiré avant qu’il ne le remarque, jouant à un jeu dangereux. Mais qu’y peux-tu ? C’est plus fort que toi. Sa chaleur t’attire, et si tu es condamné à te faire brûler par l’astre du jour qu’il est, soit. Vous avez exécuté plusieurs petites missions ridicules, qui ne reflètent aucunement ce dont vous êtes capables, tu te demandes ce qu’il recherche puis ça t’a frappé. Il est vrai que tu te fais entretenir par lui, qu’il agit plus comme ton père dont tu es dépendant que ton ami. Il s’occupe de toutes les dépenses, pourtant il partage les récompenses des missions en deux, protestant quand tu essaies de refuser. Il le fait sans que tu ne puisses t’y opposer, puis il t’ébouriffe les cheveux et il te dit qu’il en a bien assez pour deux. Il est généreux mais c’est trop, tu n’as pas une fortune à ta disposition, grâce à lui, tu as fait quelques maigres économies, mais tu lui donnerais sans y réfléchir à deux fois s’il te les demande. Pourtant, il fait le fier et il préfère s’emmerder avec des quêtes aussi stupides et qui doivent lui monter à la tête plutôt que de te délester du contenu de ta bourse. Tu soupires silencieusement, te concentrant sur sa nuque droite. Tu as envie de le prendre dans tes bras et de lui dire que vous êtes là-dedans ensemble. Une petite voix te demande de le laisser et de partir puisqu’à ton avis, tu n’es qu’un poids, mais tu es trop faible. Tu ne pourras jamais lui tourner le dos, non pas parce que tu ne sais pas où aller mais plutôt parce que tu sais pertinemment que c’est à ses côtés que tu appartiens.

Quand la lumière du jour commence à disparaître, tu te rapproches instinctivement de lui, de peur que le noir te broie et t’emporte loin de sa présence. Le chemin est difficile, au milieu des arbres, leurs silhouettes sont lugubres mais fascinantes, et on dirait qu’ils essaient de vous faire des croche-pieds avec leurs origines encastrées dans le sol. Tu te demandes si dans ton ancienne vie, tu t’appropriais ce décor. Tu le parcours sans difficultés, tu sais repérer les endroits qui pourraient te faire perdre ton équilibre, il y a une certaine aisance dans tes mouvements comme si rien dans les bois ne puisse te surprendre. Et c’est là qu’il s’empare de ta main, ça te paralyse, ça te fait des papillons dans le ventre. Ce qui pour lui est un geste banal signifiant qu’il ne veut pas que tu te perdes, pour toi c’est tellement agréable. Le contact mi-rugueux mi-doux de sa paume te fait défaillir, et tu te laisses faire, essayant de te retenir d’appliquer une force supplémentaire sur ses doigts. Soudain, il te rapproche en serrant ta montre dans la sienne comme s’il lisait dans tes pensées pour te proposer de passer la nuit ici. Tu hausses les épaules, avec ton éternel sourire affiché sur ton visage, l’arborant comme une particularité, comme si ta face ne pouvait pas connaître autre expression. Il te lâche, et toi tu regrettes déjà la tiédeur de ses articulations. Tu l’observes en train de fusionner son corps avec le sol, et tu laisses échapper un petit rire à son offre à laquelle tu réponds par le biais d’une plaisanterie.
"Pourquoi tu le portes alors, tu n’as pas chaud non plus?"
C’est vrai qu’il commence à faire frisquet, et ça doit se voir aux tremblotements de ton corps que ça t’affecte. Alors, tu ne déclines finalement pas, puisque de toute façon il a raison et qu’il ne prétend pas ça pour te protéger, une nouvelle fois, et tu te drapes de son manteau qui te fait monter ses doux effluves masculins au nez, t’enivrant subtilement et t’éveillant tous les sens. Il garde également sa chaleur corporelle, délicieuse, couvrant tes bras transis par le froid. Tu le scrutes, tandis qu’il se relève, fronçant des sourcils. Tu n’oses pas lui demander pourquoi, tu ne fais que le suivre de tes iris inquiets, puis il te signale qu’il va inspecter les environs et vous chercher de la nourriture. Tu voudrais partir avec lui, les larmes commencent déjà à t’assaillir mais puisqu’il ne te l’a pas proposé, tu préfères ne pas t’imposer. Après tout, peut-être a-t-il besoin d’un moment tout seul. Tu te mords la lippe pour éviter de pleurnicher, et tu hoches la tête silencieusement. Tu as tellement peur qu’il t’abandonne, ici. Tu sais qu’il ne le fera pas, mais tu ne peux empêcher ce scénario de s’immiscer dans ta tête, cruel. Tu évites de le suivre du regard, pourtant tes oreilles captent le son de ses pas qui s’en vont. Tu dois te distraire. À tout prix. Sinon la panique va te submerger, facilement, et quand il reviendra, il ne comprendra pas pourquoi tu seras allongé sur le sol, les yeux ouverts, en oubliant même de respirer. Tu sais que tu as besoin de lui. Tu sais que bien qu’il t’apprécie, peut-être n’a-t-il pas autant besoin de toi. Alors, ça fait de toi la personne qui aura le plus mal si séparation il y a. Tu n’auras même pas le temps de comparer. Tu seras mort la minute où il ne sera plus dans ton monde, où il te reniera comme planète qui gravite autour du Soleil qu’il est. Tu fouilles dans ton sac et tu te surprends en train de plutôt explorer le contenu du sien, sans faire exprès. Tiens, mais c’est quoi ça ?
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MessageSujet: Re: moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil EmptyMer 15 Oct - 12:05

J'vais pas te mentir, tu pourras toujours trouver mieux.

« J’aime bien le porter, ça fait adulte classe tu ne penses pas ? » Il sourit, amusé. S’il le porte, c’est uniquement pour rajouter une protection supplémentaire aux agressions extérieures. Ariel l’a apprit à ses dépens depuis plusieurs années déjà : plus le nombre de couches est élevé, et plus la croissance de la souffrance est lente avant de la rendre insupportable. Il l’observe s’enrouler dans un manteau bien trop grand pour – il l’est déjà pour Ariel, alors pour ce petit corps maigre ça ne peut qu’être pire. Comme s’il se noyait dedans. Ce petit air d’enfant perdu que l’enveloppe lui donne rend les pulsions de protections insupportables, le blond a seulement envie de l’emmener sur le sol avec lui pour l’entourer de ses bras et s’endormir ainsi, sans manger, sans vérifier les alentours,  juste contre lui comme on tiendrait un doudou. Avant de ne se laisser aller à des gestes qu’il regretterait, il se relève brusquement et annonce qu’il va vérifier les alentours et récupérer des aliments. Ça le dérange de laisser Wil en plein milieu de la forêt, même pour quelques minutes seulement, et même s’il a son sort de protection au cas-où. Il fait rapidement le tour, bruyamment pour éloigner les animaux, et créé quelques remparts de glace dans les endroits à risques. Il leur faudrait un constructeur, ils pourraient dormir plus sûrement. A force de ne consommer que des produits végétaux (et d’être tombé malade plusieurs fois à cause de choses vénéneuses) il a apprit à reconnaître ce qui était comestible ou non, et surtout les produits les plus nourrissants.

Bien évidemment, il a oublié d’emporter son sac pour récupérer les fruits. Son haut replié en sac contenant les fruits, légumes, baies qu’il a pu trouver dans la forêt dans une main, il retourne vers le campement rapidement établit quelques minutes plus tôt. Perdu dans ses pensées, Ariel ne s’aperçoit pas que la lumière qu’il distinguait au loin s’intensifie de plus en plus à chacun de ses pas, et quand Wil et le feu de camp envahissent son champ de vision, il bloque, relâche son vêtements et les fruits qui tombent sur le sol dans un bruit sourd. Une pomme s’aventure en roulant jusqu’au brun, finissant sa course contre l’une de ses jambes, mais Ariel est aveugle à tout le reste. Seul le feu compte. Seule l’horreur reste imprimée dans ses pupilles, elle le fait trembler en quelques secondes quand tout lui revient en rafale.

La torture de ses parents. La haine.

Le premier jour où Saül a pénétré ses défenses, il avait dix ans. L’homme, encore jeune à l’époque, peut-être à peine plus que l’âge actuel d’Ariel avait enflammé toute sa chambre, le laissant hurler de terreur et s’intoxiquer. Il se souvient de l’enfant qui hyper ventilait dans la chambre rongée par les flammes alors que sa magie essayait vainement de lutter contre l’intrus, de protéger son maître aimé, de toute sa puissance puis plus faiblement jusqu’à ne plus exister. Le mage ne peut s’empêcher de fixer le feu qui ronronne gentiment dans son antre, sans cligner, c’est à peine s’il sent les quelques larmes qui dévalent sur ses joues, non, seul le monstre compte. Comme l’enfant, il tombe assit sur le sol et se replie sur lui-même, protégeant la plus grande partie de son corps comme s’il s’attendait à ce que son père ou Saül jeune débarquent pour le punir, encore, d’avoir utilisé son pouvoir. L’adulte tente de raisonner. Saül n’est pas là. Ni le monstre. Il ne risque rien, ce n’est qu’un feu de camp, ce n’est rien de dangereux, Wil ne ferait rien qui pourrait le mettre en danger. Et si Wil était engagé par ses parents comme Saül l’avait été ? S’il était là, lui aussi, pour le punir ? Non, c’est idiot, Wil n’est pas là pour ça. Wil est son ami, non, il a confiance en lui. Personne ne serait assez cruel pour ça. Un sanglot silencieux le secoue avant qu’il ne hurle. « ETEINS-MOI CA ! » Le blond enfonce son visage terrifié contre ses genoux remontés contre son torse pour que l’autre ne le voit pas. Lentement, une carapace de glace cubique se créée autour de lui, sans pics, elle est lisse, lente, fine, comme si elle-même savait qu’Ariel ne craint rien ici.

Iel n’a jamais osé à en parler à Wil. Comme si ce n’était pas important. Il a fait illusion jusqu’ici, arguant pendant les missions qu’il ne fallait pas se faire remarquer, et refusant d’allumer un feu dans leur cheminée, préférant garder son ami contre lui pour le réchauffer. Quand il était jeune, la peau d’Ariel était systématiquement glacée, et elle n’est devenue presque bouillante que lorsque Saül lui a offert sa lacrima de feu, pour l’inviter à ne plus avoir peur du feu. Bien sûr, il ne s’en est jamais servi, mais le sort de chaleur passif lui permet de réguler sa température. Prostré ainsi sur lui-même, et essayant de réfléchir, il se dit que peut-être, il aurait dû avertir Wil qu’il n’est qu’une loque terrifié par la moindre petite étincelle, c’est trop tard maintenant. Ses larmes gelées résonnent durement contre la glace qui l’entoure petit à petit, et il n’ose même plus lever la tête. Honteux et terrifié. La glace qui commence à couvrir son dos ses bras agit en loupe sur les brûlures et les vieilles cicatrices qui parsèment son corps. Bon retour à tes dix ans Ariel.

lumos maxima
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MessageSujet: Re: moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil EmptyJeu 16 Oct - 1:19


Moi jusque-là, je ne sais plus ce que je faisais...

C’est un lacrima élémentaire. Depuis ton réveil il y a quelques semaines, tu n’en as pas revu un, pourtant c’est clair dans ta mémoire contrairement à ton vécu. C’est bizarre à quel point les connaissances que tu as acquises lors de ta précédente existence sont restées gravées dans ta tête alors que même ton nom t’avait échappé. Il y a des flashs parfois, subtils, trop rapides pour que tu arrives à déterminer n’importe quoi d’eux. Une femme te hante, elle est belle, elle est vêtue de noire et ses cheveux cascadent jusqu’à ses hanches, sauvages et magnifiques. Tu ne vois pas son visage, pourtant tu sais qu’elle est splendide, c’est une évidence. En y pensant, tu es perplexe comme d’habitude, tu reportes ton attention sur la boule de cristal, qui te donne idées excitantes. Tu te rappelles aussi comment il faut les manipuler, et puisque celui-ci est animé par le feu alors que toi tu meurs de froid, tu décides de laisser tomber toutes les précautions. Il est vrai qu’Ariel t’a toujours dit qu’il fallait éviter un feu de camp parce que ça pourrait attirer les regards de loin, mais en ce moment où il t’abandonne, tu te sens obligé de le punir, en te rebellant, en ne l’écoutant pas. Tu le fais inconsciemment, tu es trop doux, trop gentil pour le faire en connaissance de cause, mais c’est ça. Tu seras toujours son petit caniche loyal et obéissant, mais de temps à autre, le besoin se ressent d’aboyer ou de mordre. En plus, ça lui appartient, peut-être aurais-tu dû attendre qu’il revienne, mais une fois de plus, ton inconscient a fait des siennes, et l’imprudence t’a leurré. Du bois, il te faut du bois pour allumer un brasier. Ou pas forcément. Oui, les flammes qui proviennent de l’objet n’ont pas besoin d’être alimentées, si tes souvenirs sont bons. Tu rassembles quelques pierres puis le sort est jeté. Les crépitements viennent agréablement sonner à tes oreilles et tu t’assois sur ton propre sac cette fois près de la chaleur. C’est bon, c’est agréable, tes pensées se perdent dans la contemplation des couleurs resplendissantes et tu en oublies presque qu’il n’est pas là. Jusqu’à ce qu’un son et le contact de quelque chose de dur avec ton pied te fasse tourner la tête, prêt à te protéger contre n’importe quel danger. Quand tu le revois, tu souris, instinctivement, d’un sourire niais et heureux. Néanmoins, quelque chose ne va pas et l’angoisse te ravage. Tu le vois clairement sur ses beaux traits déformés par la terreur avant qu’il ne prenne position sur le sol, se recroquevillant contre lui-même. Tu ne comprends pas. Tu es dans le brouillard total, et tu te sens vulnérable, des sueurs froides s’attaquant impitoyablement à ton corps.

"Ariel…?" Tu prononces son prénom timidement, on sent dans le ton de ta voix que tu es paniqué, que tu sais avoir foiré sans pour autant être sûr de ce que tu as justement fait de mal. Et soudain il hurle son désespoir, c’est un ordre qu’il énonce à ton encontre, une supplication qui provient des tréfonds de son âme. Tu t’exécutes aussitôt, posant les questions par la suite. Tu jettes de la terre sur la source de chaleur qui n’en est plus une depuis que ton sang s’est glacé à cause de sa réaction qui à tes yeux est extrêmement exagérée puisque tu ne saisis pas ses origines, l’éteignant bien assez vite. Ariel a eu le temps de se constituer une prison avec son pouvoir, il s’est enfermé dans une cellule, il se cache de la menace. Ton cœur tambourine contre ta poitrine, ton cœur est meurtri d’avoir ainsi blessé celui que tu aimes le plus au monde depuis ce jour-là… Tu ne savais pas… Tu ranges le lacrima dans le sac. Tu ne savais pas …
Tes pas comblent la distance entre vous, tu t’approches pudiquement, honteux de toi, honteux de lui avoir fait ainsi mal. La glace craint le feu, mais tu n’avais aucune idée qu’Ariel aussi. Chaque enjambée te donne envie de te presser, mais également de retourner en arrière. Tu voudrais le laisser récupérer tout seul, ce serait plus sage, ce serait plus précautionneux. Pourtant, tu sais très bien que tu ne peux tout simplement pas.  Tu poses ta main sur la surface de glace, tu n’as pas peur, tu sais que normalement des piques peuvent en ressortir, elles ont la possibilité de te transpercer, de te tuer si elles atteignent un organe vital. Tu as assez vu ses talents à l’œuvre pour en être conscient. Pourtant, tu es sûr qu’il ne te fera pas de mal, tu es sûr qu’il les retiendra s’il se rend compte de ta présence. "Ariel, c’est fini…" Tu as du mal à réfréner les larmes qui dégringolent sur tes joues. Tu t’en veux tellement, tu te sens coupable. La peau de tes mains commence à te brûler, tellement elle est frigorifiée. Tu n’en as que faire, tu veux juste qu’il sorte de là, pour le prendre dans tes bras et t’excuser. "C’est juste moi, Ariel, promis, tu n’as rien à craindre. Je m’en suis débarrassé, tu peux sortir." Tes ongles crissent contre la façade, tu veux qu’elle s’en aille, tu ne veux pas qu’elle vous sépare encore plus longtemps, tu la détestes d’une haine énorme. Tu voudrais être doté de la magie pour la détruire, tant pis si c’est brusque, tu lui feras tout oublier en l’enlaçant, en calant sa tête contre toi. Tu veux lui offrir un autre bouclier, celui de ton corps, celui de ton être dévoué. "Est-ce que tu m’entends? Je t’en supplie… Je n’en peux plus. C’est égoïste, je devrais te donner du temps mais quitte cet endroit. J’ai peur…" Il ne manquerait plus que tu te mettes à pleurnicher. Tu le rejoins sur la terre, tu croises les bras, tu ignores ton physique qui est en train d’atteindre ses limites, torturé par la très basse température ambiante. Tu baisses la tête, et tu attends. Tu n’as rien d’autre à faire. Juste… attendre.
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MessageSujet: Re: moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil EmptyJeu 16 Oct - 10:32

J'vais pas te mentir, tu pourras toujours trouver mieux.

Sous sa montagne de glace, les yeux clos, il ne voit plus le monde qui l’entoure, il plonge simplement au plus profond de son enfance et du cauchemar. Le premier jour où son père, l’adulte, l’homme qui était censé le protéger contre toutes les peines et les douleurs, a utilisé sa nouvelle arme favorite. Il a suffi d’une torche pour vaincre les murs d’Ariel, un simple torche qui ne voulait rien dire que le bonheur, le choix, la chaleur, une torche c’est positif, ça vous éclaire quand la nuit vous entoure. Son père, non content de le terrifier, avait achevé la torture en posant le bout de la torche sur le bras de son fils, une énorme brûlure qui résiste encore aujourd’hui à la cicatrisation. Sans la cicatrice, il aurait pu se convaincre qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve et le reléguer au fond de son être, mais depuis quinze ans il la voit tous les jours, dès qu’il se change. L’homme tremble sous son rempart et se crispe encore un peu plus, enfonçant ses ongles sur ses bras pour parer la douleur qui murmure dans son crâne. Les mots de Wil lui parviennent difficilement, déformés par le mur épais qui les sépare. Parle, parle tant que tu veux, je ne veux pas sortir, je ne peux pas. J’ai peur. Protège-moi. Les ongles sonnent désagréablement sur la paroi, puis c’est le silence qui lui fait lever les yeux. Wil est assis près de lui. Il attend. Il attendra combien de temps avant de partir ? Il ne partira jamais, hein ?

De longues minutes s’écoulent alors qu’Ariel s’efforce au calme. Les images lui brûlent les yeux, d’ordinaire ses réactions ne sont pas aussi violentes. Lentement la glace s’évapore autour de lui. Silencieusement. Il tremble. Mais le monstre est éteint, il n’y a plus de danger, il n’y a plus de feu, rien ne peut le blesser et surtout pas son compagnon, jamais il ne le blesserait volontairement. La disparition se fait plus rapide, et quand plus rien ne les sépare Ariel dépose ses doigts sur la nuque de Wil, avec tendresse et sans un mot, avant de l’attirer contre lui plus brusquement et de déposer le visage de jeune homme contre son torse, enfouissant le sien dans ses cheveux bruns pour réprimer ses nouvelles larmes. Il n’a jamais pu encore se montrer torse –nu devant lui, lui avec son pauvre corps modifié par les brûlures de Saül et de son père. Pendant des années, il n’osait enlever son haut devant son maître, honteux, mais un jour il n’avait pas eu le choix après s’être battu violemment contre un autre élève. Saül l’avait déshabillé pour pouvoir le soigner, et c’est la seule fois qu’il avait vu des larmes dans les yeux de l’homme. La scène s’était déroulée en silence entre les deux hommes, tous les deux mortifiés par la honte et la terreur. Saül se voyait comme un monstre : avait-il causé tant de dommage à l’enfant ? Et Ariel s’en voulut d’être si faible, de ne pas avoir pu cicatriser, de renvoyer ce passé en pleine face à l’homme qui finalement lui avait sauvé la vie. Après le secours pour lequel Saül avait risqué sa peau il ne lui en avait jamais tenu rigueur, contrairement au mage de feu qui avait fait son possible pour expier ses fautes.
« Désolé si je t’ai effrayé, Wil. » La crise l’a épuisé et il s’allonge, amenant son ami contre lui, incapable de le lâcher. Comme si Wil pouvait le protéger de ses démons passés. Peut-être que oui. Peut-être qu’Ariel peut se pardonner ce pourquoi il se sent coupable, de n’avoir été qu’un enfant faible face aux monstres. Ses bras se resserrent autour de Wil, et tout explose d’un seul coup sans prévenir. « Comme t’as pu le voir, j’ai peur du feu. » Il doit lui dire. Wil doit comprendre pour ne pas avoir peur de lui. « Désolé si ça casse l’ambiance. J’ai besoin de te le dire. » Un baiser dans les cheveux de l’homme, et il reprend, la voix pleine de tremblements. « Je viens d’Iceberg, et là-bas mes parents font déjà figure d’extrémistes. Par exemple, nous n’avons jamais fêté d’anniversaires, les parents achetaient des cadeaux mais c’était pour les enfants des rues. Ils n’ont jamais…apprécié la magie. Encore moins la mienne, elle sortait sans raison, elle était violente et elle leur faisait peur. Ils ont voulu me l’enlever dès qu’elle a commencé alors qu’au début ce n’était que de la neige, mais tout ce qu’ils essayaient de faire ne fonctionnait pas, je devenais plus fort. Ils m’ont empêché d’aller à l’école des mages, et mon père a eu la sublime idée de lutter avec la seule chose qui pouvait avoir un pouvoir sur la glace, le feu. » Une de ses mains descend dans le dos de Wil, caressante, il doit lui laisser le loisir de respirer sinon il aura un nouveau mort sur la conscience. « Mais ils ne sont que des humains normaux. Ça n’a plus marché au bout d’un moment, un feu normal ne peut plus pénétrer mon mur. Alors, ils ont engagé un mage. A croire que leur terreur ne valait rien face à l’envie qu’ils avaient de détruire ce que j’avais. Ils ont presque réussi leur coup avec Saül, je n’arrivais presque plus à produire un simple pan de glace. Puis Saül m’a sauvé. Il m’a sorti de là au bout d’un an et demi. Il a essayé de me faire avoir moins peur, mais c’était peine perdue. C’est pour ça que je refuse les feux de camp, ou les cheminées chez nous. » Chez nous. Il ne s’aperçoit même pas qu’il a prononcé ce mot-là. « J’ai tendance à réagir violement face à ça. Désolé, je ferais attention maintenant. » Il ne veut pas vraiment tout lui raconter, de toute façon il pourra en voir suffisamment sur son corps pour se rendre compte que les violences n’étaient pas douces. Mais il refuse le statut de victime qu’il a l’impression de s’attribuer. Une toute petite perle de glace échoue sur les cheveux de Wil, et Ariel l’enlève aussitôt, il ne pleurera pas à cause de ça, plus maintenant.

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MessageSujet: Re: moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil EmptySam 18 Oct - 21:33


Moi jusque-là, je ne sais plus ce que je faisais...

Froid. Il fait tellement froid. Tu ne sens plus ton corps, tu ne sens plus ta peau. Tout est glacial, tu ne peux pas bouger, tu subis les assauts répétés de la basse température, tu n’es plus qu’une masse qui est en train de se congeler, petit à petit. Pourtant, tu tiens bon, tu attends. Tu ne sais pas si tu pourrais partir, même si tu le voulais. Tu es pétrifié, et le sentiment d’impuissance qui déjà t’accablait est en train de te submerger maintenant. Tu ne sers à rien, Wilfred. D’abord, tu désobéis, par caprice, foutant ce bordel autour de toi. Ensuite, tu deviens la victime, et maintenant, il va devoir te sauver. Encore une fois. Parce qu’il faut se rendre à l’évidence, tu es dans la mouise, tu essaies d’ouvrir la bouche pour le prévenir mais les mots restent coincés dans ta gorge serrée. Tes yeux se ferment, tu voudrais t’étendre sur le sol et dormir pour que ton corps produise de la chaleur, tu te retiens à grand-peine de ne pas te laisser tomber, ça te serait fatal. Dans ta tête, son prénom est répété, inlassablement, comme une prière silencieuse. Ariel. Ariel. Ariel. Tu voudrais qu’il vienne à la rescousse, tu voudrais que son corps chaud t’enveloppe et fasse partir ce nouvel ennemi. Ariel qui se cache, qui a peur pour une fois. Ariel l’inatteignable et pas seulement grâce à toi et à tes boucliers. Pour une fois, c’est lui qui a besoin de toi, et pourtant tu es inutile, tu n’arrives même pas à le faire sortir de la protection qu’il s’est créée. Subitement, tout s’embrouille, tu te sens atterrir sur une surface dure. Est-ce le sol ? Non, tu es certain de ne pas avoir abandonné. Les yeux embués de larmes, tu essaies de les ouvrir. C’est son odeur. Caractéristique. Pourquoi est-il aussi froid ? Pourquoi ne peut-il pas t’offrir la vie dont tu as besoin ? Pourquoi ne peut-il pas être ton Soleil cette fois ? Ses mots résonnent dans tes oreilles, doux, tu les comprends, tu les entends. Il va bien. Tant mieux. Tu as toujours rêvé qu’il te prenne dans ses bras comme ça, et quand il s’allonge, c’est encore meilleur que quand tu lui voles cette étreinte parfois, lorsque tu as cruellement besoin de te caler contre lui. Parce qu’il en est conscient, parce qu’il sait ce qu’il fait. Parce qu’il le veut tout simplement pas, et ce n’est pas toi qui squatte. Il te raconte son histoire, et tu n’oses pas l’interrompre. Tu devrais, parce que là, tu frôles l’hypothermie, pourtant tu te tais, tu t’oublies et tu écoutes ce qu’il a à dire. Tu l’écoutes s’excuser, dire qu’il est désolé. Tu as envie de pleurer, de sangloter. Tu dois lui dire … Tu dois lui révéler que ton corps s’est engourdi, que tes sens commencent à te lâcher, que tes poumons ont du mal à respirer. Tu dois absolument lui annoncer que tu es en train de mourir, à petit feu…

"Ariel… J’ai froid." Les syllabes quittent difficilement le seuil de tes lèvres gercées. Elles expriment une vérité à laquelle il faut remédier sinon c’est la catastrophe. Pourtant, tu n’aurais pas pu rêver mieux, mourir dans ses bras serait la plus belle façon de quitter ce monde. Mais pas encore. Pas maintenant. Tu n’es pas prêt. Tu n’as pas encore vécu. Tu n’as pas encore eu assez de bons moments avec lui, tu ne lui as pas encore montré à quel point il compte pour toi. Bien sûr que la mort t’attend au tournant, après tout, tu ne vis pas une vie paisible. Avec les missions que toi et lui accomplissez, il y a de grandes chances qu’un jour vous soyez pris de court et que tu te retrouves dans cette position, cette fois pour affronter l’autre monde ou le néant. Mais là, maintenant, ce serait ridicule de juste mourir parce que tes poils se sont hérissés, parce que des frissons dévalent le long de ton dos, parce que ton physique est immobile et en quête de chaleur que rien n’est en mesure de lui offrir dans les alentours. Le son de ta voix n’est pas arrivé à lui, il ne réagit pas, il est dans son propre monde, ne lâchant pas prise pourtant de ton corps meurtri. Dans un ultime effort, tu essaies de  hausser le ton, forçant sur tes cordes vocales, y mettant tout ce qu’il te reste d’énergie. "Ariel… Je suis en train de mourir de froid." C’est dit. C’est fait. Tu geins, abattu, ton sang se fige et tu commences à perdre conscience. Elle est là, tu la vois. Non, tu dois rester réveillé, il ne faut pas céder, il ne faut pas abandonner aussi facilement. Toujours vêtue de noir, toujours les cheveux aussi longs. Tu veux qu’elle s’en aille, tu ne veux pas dormir, si elle est là, c’est que tu es en plein cauchemar. La différence demeure, son visage est maintenant apparent. Et il est laid, trop laid. La beauté est relative, la beauté est un concept qui diffère d’une personne à l’autre, mais là, tout le monde se mettrait d’accord. Son nez déformé, ses yeux vides qui n’ont pas de blanc, qui ressemblent à un gouffre obscur où personne ne s’aventurerait sans y être contraint. Tu veux lui crier «Ouste», tu n’appartiens pas à son monde, tu veux retourner auprès d’Ariel, tu veux qu’il te vienne en secours et qu’il te réchauffe. Sa bouche est étirée dans un rictus vilain, alors qu’elle s’approche de toi, ouvrant grand les bras, ouvrant grand la gueule pour révéler une dentition que personne n’envierait. Tu as peur, tu trembles, tu es pris de soubresauts… Tu n’arrives pas à t’éloigner d’elle, tu ne veux pas qu’elle rapplique, elle est un mauvais présage à elle seule, tu le sens, tu le sais. Tes pieds se sont enracinés dans le sol, c’est la fin. Elle va t’emporter loin de ta nouvelle vie, loin de ton bonheur, loin de tout ce que tu as appris à apprécier depuis ce jour où tu t’es réveillé à l’hôpital. Tu vas mourir, Wilfred.
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MessageSujet: Re: moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil moi jusque-là je faisais un peu n'importe quoi - Wil EmptyDim 2 Nov - 16:08

J'vais pas te mentir, tu pourras toujours trouver mieux.




Le froid ne t’a jamais ennuyé, maître de la glace. D’aussi loin que tu t’en souviennes, c’était un rire qui s’évadait de tes lèvres plutôt qu’un tremblement en plein hiver. Ton corps fonctionne ainsi, insensible aux températures négatives ou au chutes de neige, comment pourrait-il en être autrement au vu de ton don ? Il ne manquerait plus que ça, un cryokinésiste qui se met à trembler comme une feuille morte lorsque la brise se lève. Voyons, tes doigts pourraient faire pousser des icebergs dans le désert, cette chair est composée de glace. A contrario, les étés étaient effrayants, mais Saül t’a appris à renverser la tendance et à pouvoir te rafraichir quand la température est trop élevée pour toi. La peau de Wil doit sans doute se cloquer douloureusement sous la brûlure du gel qui entoure ton corps, mais comment pourrais-tu en avoir conscience, toi qui n’a jamais eu froid ? Bien sûr, en vivant avec un mage de feu, le confort d’une maison chaleureuse aurait presque fini par devenir indispensable, peut-être même qu’un jour tu aurais apprécié les feux des cheminées, ceux qui ronronnent comme pour accueillir l’habitant et le saluer un prince. Tu l’oublies, tu oublies ton corps et sa malédiction, tu l’as enfermé au fond de ton être, à tel point que les premiers mots de Wil ne te parviennent pas. Ces mots te sont inconnus, des choses que tu ne ressentiras jamais, elles n’existent pas.
 
Sa voix se fait plus forte, et c’est simplement la détresse diffuse qui te fait tendre l’oreille. Mourir de froid ? Est-ce possible ? Comment mourir au cœur d’un incendie ? Son corps se glace-t-il, furieux de devoir lutter contre un froid dévorant qui ne lui laisse aucune chance de gagner le duel ? Son sang s’est-il apaisé, lent, tellement lent que son cœur ne bat presque plus ? Des tas de questions se profilent mais tu les éloignes sous la panique, non, hors de question que ton compagnon meurt entre tes bras, et encore moins par ta faute. Les mots s’échouent contre ta gorge et tu le déposes sur le sol, doucement. Sans penser, si tu penses il est mort, tes doigts s’élancent à l’endroit où la pierre est tombée et la replient sur ta paume. Poing serré, la lacrima mord ta peau furieusement. Un murmure et la pénombre s’éclaire vivement, les flammes chassent les ombres qui vous entourent. La chaleur se diffuse dans ton corps et tu grimaces, c’est infect, il faut toujours des dizaines de minutes avant que tu ne te réhabitue à la chaleur, même après plus de dix ans à l’avoir près de toi tu te refuses à l’utiliser plus que de raison.
 
C’était le tout premier cadeau de Saül, quelques semaines seulement après ton arrivée. Tu te souviens. Toi, prostré dans un coin de ton lit, les genoux repliés contre un torse mutilé.  Sa gentillesse t’effrayait, elle était incompréhensible, elle ne devait pas exister ! Lui, l’être que tu as diabolisé pendant deux ans, pourquoi se montrait-il si prévenant à présent ? Toujours à s’inquiéter, à savoir si tout allait bien. Ça allait toujours bien. Toujours. Le feu ne s’occupait plus de toi, alors, comment la vie pouvait-elle être pire ? Il s’était approché de toi, avec un sourire et un emballage de cadeau, amusé de tes yeux étonnés. Un cadeau ? Tu ne sais pas ce que c’est. Ou plutôt, tu avais vu tes parents emballer des monceaux d’objets pour les autres, toujours les autres, uniquement les autres, jamais leur fils unique. Les présents c’était toujours pour les autres, et tu t’es habitué à cette idée. Alors, quand Saül s’était présenté devant toi tu n’as pas compris. Pourquoi t’offrir quelque chose ? Surtout un objet inconnu. Saül s’était agenouillé pour t’expliquer ce dont il s’agissait. Une lacrima de feu, qui permettait à son porteur d’avoir quelques sorts de cet élément. A ses mots, la lacrima avait été jeté sur le mur qui vous faisait face, en un cri étranglé. Non, jamais. Le mot même t’effraie. Le feu, c’est l’Enfer.  Pendant des années, la lacrima est restée enfermé dans un tiroir de ta chambre jusqu’à un léger accident vers tes quinze ans. C’était idiot. Une fille entre tes bras, contre ton torse nu, dont le souffle s’éteint peu à peu, congelée sur place. Elle a survécu grâce à Saül qui a étouffé l’affaire, mais en échange il t’a fait promettre de ne plus jamais laisser la pierre. A son contact, ta peau se réchauffe sensiblement jusqu’à atteindre une température supérieure à la moyenne, sans que tu n’en ressentes les effets négatifs. Jusqu’à aujourd’hui, c’est la seule raison pour laquelle tu portais la pierre.
 
Mais pour Wil, tu es prêt à passer au-delà de ta terreur. C’est dingue comme son contact te fait changer, t’attires plus loin où tu l’aurais cru possible. La pierre dans ta poche de pantalon, tu portes Wil jusqu’au feu de camp et l’allonge à côté. Un genou de chaque côté des hanches, tu t’installes au-dessus et dépose tes mains brûlantes au niveau de son visage. « Wil ? » Ses lèvres virent au bleu glacial, et ton sang s’affole. Putain, non, il ne va pas mourir comme ça quand même ? Tu te dégages et t’allonge, le prenant contre toi, sa tête au creux de ton cou. « Eh, parle-moi petit. M’laisse pas. » T’es trop habitué à sa présence maintenant, c’est inconcevable d’imager la vie sans lui. Elle serait si ennuyante. Vide. Enfin, au bout de quelques minutes, ses cils caressent lentement ta peau au fur à mesure des battements de paupières, et tu soupires, décrispant ta prise autour de lui. « Ca va Wil ? Désolé. Je suis désolé. Pardonne-moi. Je la garderais sur moi maintenant. Désolé. » Ton visage s’enfonce dans ses cheveux bruns et tu grimaces, l’angoisse te fait presque mal aux côtes.



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